Fred Périé



vue de l'installation après trois mois
Le niveau monte
Installation dans un parc (2010)
Parc André Villette, Fresnes, Val-deMarne, F
Peinture à la caséine, pigments ocres naturelles
dimensions ~ 0,8 ha

Au fond du parc, une altitude précise est définie. Le plan horizontal imaginaire qui en découle est matérialisé sur les troncs d'arbre par une couche de peinture rouge. La peinture utilisée est naturelle et biodégradable, faite à partir de caséine (lait) et de pigments de terres ocre rouge (oxyde de fer). C'est comme si un flot de couleur était soudainement monté et avait laissé sa trace dans le parc.

J'ai peint les arbres du parc pour que les passants pressés voient quelque chose là où ils passent tous les jours et que d'ordinaire ils ne voient plus. J'ai peint ces arbres pour qu'on ne les oublie pas. Nous ne voudrions pas que personne ne nous regarde, qu'on nous oublie. Et eux, les arbres, ce pourrait être nous. En nous aussi, le niveau monte et c'est peu de le dire, devant le mépris qui se répand et s'étale partout, devant l'absence des regards, devant ceux qui nous parlent mais ne nous voient pas, devant la pensée qui se vident des êtres. En nous ça monte aussi, de la colère, et ça se retire quand même, laissant place à un noir désespoir. Le rouge sur les troncs, lui, s'estompe peu à peu, la pluie y trace d'étranges dessins, qui à leur tour disparaissent. Le monde, le notre, celui qu'on croit immuable, on ne le voit pas, on ne le voit que lorsqu'il a disparu.